Samar Miled, doctorante à Duke University, aux États-Unis, poétesse, écrivaine et agrégée en lettres françaises, nous propose une analyse saisissante de la littérature tunisienne d’expression française, où se mêlent décolonisation et réaffirmation identitaire. Elle interroge la manière dont cette langue, héritée du colonialisme, peut être réappropriée comme un outil de résistance et de réaffirmation de soi. Notre invitée déconstruit les préjugés qui dépeignent la littérature tunisienne francophone comme un simple vestige du passé colonial et dévoile les voix littéraires qui, par leur écriture, revendiquent une histoire, une culture et une identité tunisiennes profondes.
À travers cet entretien, elle nous invite à réfléchir sur les enjeux de la décolonisation de la langue et sur la nécessité d’une réconciliation entre les femmes, en dépassant les fractures sociales et culturelles, pour mieux affronter un monde en constante évolution.
Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de l’Économiste maghrébin ?
Je suis avant tout Tunisienne. Doctorante à Duke University, aux États-Unis, je consacre ma thèse à la question de la résistance dans la littérature tunisienne d’expression française. Mon parcours universitaire a commencé en Tunisie, où j’ai suivi un chemin classique : l’Institut préparatoire aux études littéraires et de sciences humaines de Tunis, puis l’École normale supérieure, avant d’obtenir l’agrégation en lettres françaises. J’ai enseigné à l’université tunisienne pendant deux ans. Mes premières recherches se sont beaucoup focalisées sur la littérature franco-tunisienne. En parallèle, je suis également poétesse et écrivaine. Marquée par la poésie française – Baudelaire, les grands classiques comme Musset et Lamartine –, mon écriture reflète souvent un style romantique.
J’ai également été influencée par la littérature ludique, notamment avec Queneau, Prévert, ou encore les surréalistes comme Louis Aragon et André Breton. Ces influences, mêlées à mes propres sensibilités, forment les bases de ma vision littéraire. Cependant, une étape décisive a bouleversé ma trajectoire. Après mon agrégation, en enseignant en Tunisie puis en poursuivant un master aux États-Unis, j’ai pris conscience de ma méconnaissance de la littérature tunisienne.
Parmi les préjugés que l’on a souvent sur la littérature tunisienne d’expression française, il est fréquemment suggéré qu’il s’agit d’une littérature néocoloniale, héritée, pro-française, et donc déconnectée de la dimension nationale.
En 2017, aux États-Unis, quand on m’interrogeait sur la littérature tunisienne, je me rendais compte que je n’avais pas de réponse. J’ai donc plongé dans cet univers pour découvrir, explorer et interroger cette littérature. Cela fait six ans que je travaille sur ma thèse, et ma recherche constitue une véritable immersion dans les œuvres de grands auteurs comme Ali Bécheur, Tahar Bekri, Azza Filali, etc. Ces découvertes littéraires ont non seulement transformé mes recherches, mais aussi ma manière de concevoir l’écriture et la réflexion.
J’ai découvert la merveilleuse plume de plusieurs auteurs tunisiens qui écrivent avec beaucoup d’affection sur l’identité tunisienne. Ma thèse explore les différentes formes de résistance en Tunisie. J’y travaille, entre autres, sur la résistance anticoloniale, et avant de choisir ce sujet, je m’étais dit : « Je vais d’abord lire pour voir ». En effet, parmi les préjugés que l’on a souvent sur la littérature tunisienne d’expression française, il est fréquemment suggéré qu’il s’agit d’une littérature néocoloniale, héritée, pro-française, et donc déconnectée de la dimension nationale. Je me suis donc lancée dans cette lecture pour découvrir par moi-même, et il s’avère que ce préjugé est infondé. J’ai réalisé que beaucoup d’auteurs tunisiens ont écrit sur la lutte anticoloniale, qu’ils ont réécrit l’histoire tout en échappant à ce piège linguistique, celui de la langue, pour atteindre une véritable réaffirmation culturelle. Et c’est cela que je trouve fascinant.
Par exemple, il suffit de citer feu Ali Bécheur et ses réflexions sur la présence coloniale en Tunisie, sur la lutte de ce grand peuple et sur l’indépendance de notre pays… Je pense également aux romans d’Ahmed Mahfoudh. Ses textes ne sont pas exactement historiques, car ils relèvent du domaine de la fiction, mais ils sont profondément ancrés dans l’histoire, et cette approche a enrichi ma compréhension de notre passé national, notamment en lien avec les luttes sociales post-coloniales et la résistance des Tunisiens contre différentes formes de soumission au Pouvoir et à la dictature. C’est à travers cette aventure littéraire que j’ai découvert l’engagement des Tunisiens, toujours fiers et dignes, et la colère et le feu de la révolte qui succèdent inévitablement au désenchantement… Je me suis effectivement beaucoup intéressée à la représentation de la figure du Père dans la littérature tunisienne. Après cette lutte anticoloniale qui nous a permis de préserver notre identité nationale, la figure du père (national, ou politique) prend une importance particulière dans le discours littéraire.
Il semble que vous faites référence à l’idée de Kateb Yacine qui considère le français comme « notre butin de guerre ». Peut-on alors dire que l’écrivain tunisien d’expression française transforme cette langue en une épée ou en une plume, dans une perspective décoloniale, ou pour s’affirmer dans la langue de l’autre ?
Absolument. Pour ma part, je m’inspire des études décoloniales, c’est-à-dire des réflexions latino-américaines. Mon professeur Walter Mignolo, un grand théoricien du décolonialisme, et ses travaux sur le Grand Sud et la question du piège linguistique m’influencent particulièrement. Il s’agit, selon lui, de pouvoir dépasser le piège de la langue pour parvenir à une réaffirmation de soi. Et je crois que certains auteurs tunisiens ont réussi à le faire. Un exemple qui me vient à l’esprit est celui de Hédi Kaddour, avec son roman Les Prépondérants, que je trouve remarquable. Il réussit à allier fiction et histoire, créant ainsi une œuvre extrêmement belle et pertinente. Un autre auteur dont j’apprécie particulièrement l’humour et la créativité, c’est Abdelaziz Belkhoja, qui a écrit abondamment contre les différentes formes de néocolonialisme. Ce qui compte, à mon sens, c’est de savoir si l’écriture constitue une forme d’affirmation de l’identité tunisienne, si elle engage un dialogue avec les préoccupations spécifiques du pays. J’ai découvert des textes sur la Tunisie, pour la Tunisie, contre la colonisation, qu’elle soit politique, culturelle ou civilisationnelle.
Beaucoup d’auteurs tunisiens ont démontré qu’il était possible, même sous le joug de la colonisation, de revendiquer leur identité et de s’affirmer en tant que Tunisiens libres.
Je peux donc affirmer que la littérature francophone tunisienne est, avant tout, une littérature nationale. Cependant, elle fait face à de nombreux préjugés. À mon avis, l’un des auteurs qui a contribué à cette confusion est Albert Memmi. En effet, je juge que son œuvre reflète le malaise profond du colonisé. On a souvent tendance à qualifier son livre Le Portrait du colonisé d’une véritable « bible anticoloniale ». Ce texte est largement étudié aux États-Unis. C’est un ouvrage très connu et enseigné, mais j’estime que le discours de Memmi s’inspire avant tout de son expérience personnelle. Son texte semble davantage reposer sur une histoire personnelle que sur une histoire nationale. Il adopte souvent un regard assez négatif sur le colonisé, sur la résistance et même sur la langue. Il mentionne l’inévitable « aliénation culturelle » à laquelle ne pourra jamais échapper l’écrivain tunisien. Pourtant, beaucoup d’auteurs tunisiens ont démontré qu’il était possible, même sous le joug de la colonisation, de revendiquer leur identité et de s’affirmer en tant que Tunisiens libres.
Il semble que vous portiez un regard critique et scientifique sur certains aspects de la littérature tunisienne d’expression française ?
Effectivement. Prenons l’exemple de la littérature féminine. J’éprouve un grand respect pour les auteures tunisiennes dont je m’inspire, et que je prends beaucoup de plaisir à lire. La littérature tunisienne féminine est courageuse, engagée et libre. Elle affronte les regards libidineux, la violence conjugale et policière, le paternalisme archaïque ; elle brise les chaînes, elle déconstruit les tabous sur le corps, sur le viol, sur la honte. Elle dit la vérité. Elle pointe du doigt les systèmes autoritaires et patriarcaux qui instrumentalisent les corps des femmes.
Cependant, dans beaucoup de textes, j’ai souvent été surprise de découvrir une certaine violence à l’égard des femmes voilées. Elles sont parfois assimilées à « des troupeaux », à « des chiens errants » qui suscitent la peur, elles portent « des mouchoirs » sur la tête, etc. Un vocabulaire pour le moins hostile à la pratique du voile, voire insultant.
Par ailleurs, dans certains essais consacrés à l’étude de la question du voile, comme dans Islam Pride de Hélé Béji (dont j’admire pourtant la perspicacité et la pertinence dans ses travaux ultérieurs, comme dans Le désenchantement national), on relève des idées personnelles, basées sur des conclusions subjectives concernant la femme voilée, cet « autre » auquel on ne donne pas la parole. Il y a souvent un manque de dialogue dans les passages que je lis à propos des femmes voilées. Ces textes contiennent des réflexions parfois hâtives, des jugements, sans véritable volonté d’aller vers l’autre. En fait, ce que je reproche justement à la littérature féminine tunisienne, c’est son caractère bourgeois.
Dans certains romans, on assiste à un véritable affrontement entre la citadine moderne et éclairée et la femme rurale ou issue des quartiers populaires qui choisit de se voiler. La citadine se positionne souvent comme la « sauveuse blanche » qui essaie de préserver les valeurs de Bourguiba. Ce qui me dérange, c’est l’idée selon laquelle la femme tunisienne ne peut être libre que si elle rejette le voile. En lisant certains romans tunisiens, je m’interroge : pourquoi une telle condescendance ? Cette littérature nécessite un réel travail de réflexion. Un besoin urgent et impérieux de réconcilier les femmes, de restaurer le respect mutuel s’impose. Cette altérité, qui dérange et divise, est un aspect difficile à appréhender, mais c’est avec cet autre avec qui nous vivons, que nous devons chercher à renouer des liens.
C’est là que des romans comme Malentendues d’Azza Filali, que j’ai lu récemment et beaucoup apprécié, deviennent essentiels. Dans ce roman, elle fait son mea culpa en rompant avec certains jugements portés sur la femme voilée, notamment dans Ouatann (qui reste une œuvre majeure de la littérature tunisienne où on retrouve un bel hommage pour l’histoire de la Tunisie), pour essayer de réconcilier la femme moderne et la femme rurale, en menant une étude de terrain sur la vie des femmes qui ne vivent pas comme les Tunisoises progressistes.
D’où proviennent toutes ces idées véhiculées par les écrivaines que vous venez de mentionner ? Quelle est l’origine de ces pensées qui semblent aussi hostiles et catégoriques ?
Selon moi, certaines écrivaines cherchent à se libérer d’un environnement traditionnel. L’écriture, pour elles, devient un acte de rébellion, et je respecte cette perspective. D’autres, cependant, sont nées dans un milieu bourgeois, dans un environnement moderne. Elles ont grandi dans un cadre où des valeurs non traditionnelles ont été adoptées, et elles rejettent fermement toute forme de conservatisme. Soit.
Mais ce que je trouve regrettable et injustifiable, c’est la violence du discours laïque qui fait écho au modèle français. Les femmes ne devraient pas écrire contre les femmes pour affirmer leur indépendance. Et puis, personnellement, je pense que si une femme choisit de porter le voile, cela ne devrait pas être perçu comme une menace pour ma liberté. Si elle veut pratiquer sa religion à sa manière, si c’est sa propre lecture de la religion, si cela découle d’une réelle piété ou d’un authentique sentiment religieux, alors qui suis-je pour la juger ? C’est ce que ma mère et ma grand-mère m’ont enseigné.
Ce que je trouve regrettable et injustifiable, c’est la violence du discours laïque qui fait écho au modèle français. Les femmes ne devraient pas écrire contre les femmes pour affirmer leur indépendance.
Selon vous, quelles sont les conditions nécessaires à l’émergence d’un féminisme tunisien ou arabe indépendant, éloigné du regard de l’ancien colonisateur, ce que certains appellent le féminisme blanc ? Quelles sont les conditions pour qu’il puisse un jour voir le jour ?
Le féminisme intersectionnel ou différentialiste est de plus en plus étudié dans les pays du Sud. À mon avis, pour que les femmes puissent trouver la paix, l’élément fondamental est l’éducation. Il est crucial de pouvoir parler librement de nos différences. Une femme doit être en mesure d’écrire pour s’exprimer, et non rester un sujet sur lequel on écrit. Elle doit pouvoir être l’instigatrice de ses actions, de son discours et de son écriture. Il est essentiel qu’elle puisse faire entendre sa voix, afin que d’autres femmes n’aient plus à parler en son nom.
Dans ce contexte, les romans que vous qualifiez de bourgeois ou appartenant à une tendance bourgeoise ne donnent-ils pas une image de la Tunisie et de la femme tunisienne qui ressemble à une carte postale exotique destinée à séduire l’Occident ?
C’est possible. C’est une question qui s’est posée, notamment avec l’écrivain algérien Kamel Daoud et d’autres écrivains maghrébins qui semblent vouloir plaire à tout prix aux lecteurs français. Mais en Tunisie, il me semble qu’il existe une véritable phobie du voile dans certains romans. Le discours de Hélé Béji sur le voile évoque une sorte d’équivalent du grand remplacement, et elle parle même d’une inévitable « guerre civile entre les femmes ».
Les femmes qui choisissent de porter le voile sont perçues comme une menace, comme si elles risquaient de remplacer celles qui se sont longtemps battues pour les droits des femmes. Elles sont vues comme un danger pour les acquis des femmes en Tunisie, notamment pour le Code du statut personnel instauré par Bourguiba et réformé par la suite. L’idée serait donc de les contenir. Dans Jeux de rubans d’Emna Belhaj Yahia, une belle plume tunisienne, Frida, le personnage principal, apprend que son fils est amoureux d’une jeune femme voilée, ce qui la rend malade. À la fin du roman, elle est mourante, sur un lit d’hôpital, même si elle tente tant bien que mal d’accepter ce choix qui la bouleverse.
Il y a donc, dans beaucoup de textes, une véritable peur, une forme d’hostilité découlant d’une phobie. Ce n’est pas seulement une volonté de plaire à la France. Je ne sais pas vraiment comment interpréter cette peur, mais je la trouve un peu exagérée, disproportionnée.
En 2025, le monde a-t-il encore besoin du décolonialisme, et pourquoi ?
Décoloniser la pensée et adopter une approche différentialiste est essentiel. Cela signifie ne pas perpétuer les relations verticales. L’approche différentialiste repose sur la compréhension du fait que chaque personne naît dans un milieu qui façonne sa vision du monde, dans des conditions particulières qui expliquent ce qu’elle est, justifient les normes et les croyances qu’elle choisit de respecter, et influencent le savoir ou le système de pensée qui lui sont propres. Il faut accepter de voir le monde à travers les yeux d’un autre, même si cet autre nous est fondamentalement opposé.
La littérature tunisienne d’expression française pourrait-elle s’exporter comme elle le mérite ?
Je l’espère sincèrement. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’écris. Aujourd’hui installée aux États-Unis, lorsque j’ai commencé à écrire, c’était pour créer un lien, un pont entre les États-Unis et la Tunisie. Cela me permettait de rester connectée, de maintenir un ancrage, de préserver une forme d’identité. Je ne veux pas me perdre. Un ami m’a dit un jour que, selon lui, mes écrits représentaient des « cahiers de retour au pays natal ». J’ai beaucoup aimé cette expression, car elle résume assez bien ce que je ressens. À travers mes textes, je souhaite rester en Tunisie, même si je n’y enseigne pas. Je cherche à y apporter quelque chose par mon écriture.
Dans un monde bouleversé, déchiré par les guerres et l’hostilité, je veux offrir un discours centré sur l’amour.
Si l’on parle de l’écriture sur le plan personnel, je dirais que j’écris avant tout pour exprimer l’amour. Dans un monde bouleversé, déchiré par les guerres et l’hostilité, je veux offrir un discours centré sur l’amour. Nous avons évoqué la violence tout à l’heure : les conflits entre les femmes, l’Occident contre l’Orient, l’islamophobie, ces phénomènes qui nous déchirent et nous divisent. J’écris donc pour réintroduire une parole fondée sur l’amour.
J’ai un penchant pour la poésie, et on me reproche parfois mon sentimentalisme. Mais je pense qu’il n’y a rien de plus essentiel aujourd’hui que de saisir et d’exprimer les sentiments humains sous toutes leurs formes. L’écriture, qu’elle soit poétique ou romanesque, permet de réconcilier l’individu avec ce qu’il y a de plus intime, c’est-à-dire de plus profond, et parfois de plus difficile à dévoiler. C’est pour cela que j’espère que la littérature tunisienne trouvera sa place dans le monde entier et qu’elle pourra un jour toucher un public universel.
Dans un monde en constante évolution, quelle est la mission de l’écrivain et de la littérature aujourd’hui, dans le contexte actuel ?
Je parle souvent à partir de mon propre vécu. Par exemple, quand on pense à la situation en Palestine, j’éprouve une urgence intérieure d’écrire pour toutes les victimes du colonialisme et des crimes de guerre. Je crois qu’il est crucial d’écrire pour transmettre cette douleur. L’écriture devient un moyen de dire ce que les médias ne disent pas, ce que les réseaux sociaux censurent. Dans un monde où l’information n’est pas toujours équitablement distribuée, l’écrivain joue un rôle fondamental : celui de dire ce que les autres ne disent pas, de relater des vérités que certains choisissent d’ignorer.
Le rôle de l’écrivain est donc de contrebalancer cette narration, d’apporter une perspective différente. Nous écrivons pour exprimer notre souffrance, pour dénoncer l’injustice, parce que nous avons mal.
Je critique particulièrement le journalisme occidental qui, selon moi, livre une version partielle de la vérité. Le rôle de l’écrivain est donc de contrebalancer cette narration, d’apporter une perspective différente. Nous écrivons pour exprimer notre souffrance, pour dénoncer l’injustice, parce que nous avons mal. L’écriture devient notre refuge, un espace où l’on peut se libérer et se reconstruire. Pour parvenir à l’apaisement, il faut d’abord affronter les convulsions de notre époque. L’écriture, la révolution, la résistance : ce sont là des actes nécessaires pour déconstruire, pour dire la vérité crue, pour survivre. Aujourd’hui, dans ce monde déchiré, nous écrivons pour redonner vie à l’amour.