L’Union européenne avertit que la réalisation du marché unique du bloc ralentit en raison de la forte pression exercée par les principales économies mondiales, notamment les États-Unis et la Chine. C’est ce qui ressort d’un projet de rapport consulté vendredi 10 janvier 2025 par Bloomberg.
Dans un rapport décrivant les défis futurs pour la compétitivité de l’UE, la Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, fait référence aux « risques importants résultant de tensions géopolitiques accrues, de pratiques commerciales déloyales et de dépendances stratégiques, auxquels une économie ouverte comme celle de l’UE fait face ».
Ces conclusions, qui sont en grande partie une reprise d’un rapport plus vaste réalisé en 2024 par l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, risquent d’être éclipsées par le différend commercial en cours entre l’UE et la Chine, et après l’investiture de Donald Trump le 20 janvier. Le document ne contient aucune nouvelle proposition politique, ni de disposition pour des actions spécifiques.
Subventions : le bras de fer UE-Chine
Plus précisément, l’UE déclare que « l’augmentation des exportations chinoises à des prix très compétitifs, facilitées dans de nombreux cas par des subventions gouvernementales, pourrait causer de graves dommages à certaines parties de l’industrie manufacturière de l’UE ».
À noter au passage que, jeudi 9 janvier, Pékin a riposté aux restrictions de Bruxelles sur les subventions gouvernementales aux pays tiers, affirmant que le bloc ciblait injustement les investissements chinois.
Le document ajoute que le bloc « souffre de prix structurellement élevés des ressources énergétiques et de l’électricité », qui peuvent être jusqu’à deux à trois fois plus élevés que les coûts américains.
Énergie abordable et neutralité climatique
Ursula von der Leyen a fait de l’énergie abordable l’une de ses priorités politiques pour son deuxième mandat de présidente de la Commission européenne. Même si les prix de l’électricité et du gaz ont chuté par rapport aux records enregistrés lors de la crise énergétique de 2022, la région ressent encore les contrecoups de cette période.
Les coûts énergétiques plus élevés de l’UE risquent d’entraver la transition vers la neutralité climatique, que l’Europe vise à atteindre d’ici à 2050. Pour réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre, la région veut s’appuyer sur l’électrification dont elle n’a pas encore « décollé » à grande échelle.
Plus largement, le rapport de l’UE reconnaît que le bloc est nettement en retard par rapport aux États-Unis et la Chine dans le secteur numérique, notant qu’il n’abrite que 263 entreprises « licornes », contre 1 539 aux États-Unis et 387 en Chine. Il prévient que ces deux pays sont « déjà très en avance » dans le développement des technologies d’intelligence artificielle.
Il note également que les géants du commerce électronique perturbent la concurrence dans le domaine de la livraison de colis, posant ainsi un défi au secteur postal du bloc de manière plus générale.