Surprise dans le monde entier et fureur dans le monde arabe et musulman en ce 6 février. C’était le jour où le président Donald Trump déclarait subitement que « la bande de Gaza serait rétrocédée aux États-Unis par Israël à la fin des combats. Les Palestiniens seraient réinstallés dans des communautés bien plus sûres et plus belles, avec des logements neufs et modernes, dans la région. Ils auraient enfin la chance d’être heureux, en sécurité et libres ».
Plus tard, Trump expliquait ce qu’il voulait dire par « réinstallation des habitants de Gaza dans la région. » C’est-à-dire en Egypte et en Jordanie. Il était sûr de sa force de persuasion et de ses moyens de pression sur le roi Abdallah et le président Sissi pour qu’ils ouvrent leurs frontières et participent à une nouvelle Nakba palestinienne, version XXIe siècle.
Mais ni sa « force de persuasion », ni ses menaces de suspendre l’aide américaine n’ont réussi, les responsables jordaniens et égyptiens étant inébranlables dans leur refus. Et pour cause, il ne s’agit pas pour eux simplement d’une question de principe; mais de la sécurité et de la stabilité de leurs pays. Les régimes du roi Abdallah et du président Sissi ne résisteraient pas à la demande farfelue de Donald Trump.
Ayant échoué en Egypte et en Jordanie, le président américain se tourne vers l’Indonésie et l’Albanie. Il avança même un argument pour le choix de l’Albanie : « Un pays européen pauvre qui cherche à se développer et a besoin de main d’œuvre. » Apparemment, aucun de ces deux pays n’a pris au sérieux la tentative du président américain de les impliquer dans une nouvelle nakba palestinienne.
C’est alors que Trump et ses amis du gouvernement génocidaire d’Israël se tournent vers l’Afrique. Selon l’Associated Press, dans une dépêche datée du 14 mars, « Washington et Tel Aviv ont engagé des discussions avec trois gouvernements africains. » L’Agence de presse américaine précise que « les contacts avec le Soudan, la Somalie et la région séparatiste de Somalie, connue sous le nom de Somaliland, reflètent la détermination des États-Unis et d’Israël à faire avancer leur plan visant à expulser définitivement les Gazaouis de la bande de Gaza. »
Toujours selon l’Associated Press, « Trump a offert au Somaliland la reconnaissance de son indépendance en échange de l’accueil des Palestiniens. » Mais, rapporte l’Agence, aussi bien le Soudan que la Somalie et le Somaliland ont décliné les demandes d’accueillir les Gazaouis…
Il faut dire que l’idée saugrenue de vider Gaza de ses habitants a commencé avant l’arrivée de Trump à la Maison blanche. En 2023 déjà, en pleine guerre contre l’enclave palestinienne, Netanyahu avait contacté le Tchad et le Rwanda pour leur demander cyniquement de participer à son plan de nettoyage ethnique. Refus net des deux pays africains.
Ni le refus catégorique des pays approchés, ni le refus universel de voir les Palestiniens déplacés de force de leur pays ne semblent décourager Trump et les fanatiques au pouvoir à Tel-Aviv. Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré la semaine dernière que « le plan de Trump prenait forme. » Il a même fait ses comptes : « Si nous expulsons 10 000 Palestiniens de Gaza par jour, la population serait évacuée en six mois », a osé affirmer le ministre le plus extrémiste du gouvernement le plus fanatique de l’histoire d’Israël.
Mais, à supposer qu’il y ait un pays africain ou asiatique prêt à accepter l’installation d’un autre peuple sur son territoire, ni Trump, ni ses amis israéliens n’expliquent comment ce transfert va se faire. Comment déplacer « en six mois » un peuple qui dit et redit haut et fort qu’il ne quittera pas la terre de ses ancêtres. Qu’il ne subira pas une autre nakba…
Si personne ne s’étonne de ce que font et de ce que planifient les génocidaires au pouvoir à Tel-Aviv, on reste pantois face à la fixation pathologique du président d’une grande puissance de s’emparer d’un territoire habité et d’expulser ses habitants pour en faire « une riviera au Moyen-Orient ».
C’est que le président américain agit vis-à-vis de Gaza, du Panama, du Mexique, du Canada et du Groenland sous souveraineté danoise, non pas comme un chef d’Etat porteur de grands projets pour son pays, mais comme le businessman connu pas seulement pour ses succès en affaires, mais aussi par son arrogance, sa suffisance et sa condescendance.
Trump échouera dans ses projets à Gaza et ailleurs pour une simple raison : l’Amérique n’est pas une entreprise et le reste du monde n’est pas un ensemble d’opportunités pour l’enrichir.