José Luis Zapatero, ancien chef de Gouvernement espagnol et membre du Club de Madrid, a animé aujourd’hui une table ronde portant sur « Le rôle de la majorité et de l’opposition en période de transition démocratique ».
Invités par le Programme des Nations unies pour le Développement ( PNUD ), le Club de Madrid et la faculté des Sciences juridiques politiques et sociales de Tunis, plusieurs députés de la majorité et de l’opposition, des juristes et des étudiants en droit ont écouté l’homme politique espagnol présenter quelques éclairages sur la transition politique en Espagne.
Mais, bien plus qu’exposer l’histoire de son pays, qui est parvenu à bâtir une démocratie après 40 ans de dictature, José Luis Zapatero a surtout fait part à l’auditoire de ses observations sur le modèle tunisien.
Evoquant la Constitution tunisienne, il a relevé « une complexité » au niveau du contrôle des pouvoirs. « Les juristes et constitutionnalistes auront fort à faire pour pouvoir systématiser les relations complexes entre les trois pouvoirs », a-t-il faire remarquer ; tout en ajoutant que réduire l’accès aux décrets-lois réduit le pouvoir d’initiative du gouvernement.
Les délais pour trancher sur la constitutionnalité des projets de loi ont également attiré l’attention de l’ancien chef de gouvernement espagnol. En effet, la Constitution stipule dans son article 121 que « les décisions de la Cour constitutionnelle sont adoptées à la majorité absolue de ses membres, dans un délai de 45 jours à partir de la date du recours pour inconstitutionnalité ». « Si vous accomplissez cela, ce sera un miracle », a-t-il déclaré.
Membre du Parti socialiste ouvrier espagnol, Zapatero a plaidé pour un rôle clé des partis politiques dans la future démocratie tunisienne, où les formations politiques devraient s’appuyer sur des groupes parlementaires solides. C’est que, pour lui, c’est au Parlement que devrait se dérouler l’essentielle partie d’une vie politique constructive et pleine de débat et de valeurs. Appréciant l’article 60 de la Constitution, lequel présente « l’opposition comme une composante essentielle de l’Assemblée des Représentants du Peuple, tout en lui attribuant la présidence de la commission chargée des Finances et la fonction de rapporteur de la commission chargée des relations extérieures, le politicien espagnol a proposé d’accorder au chef du groupe parlementaire de l’opposition un rôle institutionnel. Cette mesure aiderait l’opposition à se développer, au-delà de son rôle de s’opposer et de représenter une vraie alternative au peuple.
Pour Zapatero, ce n’est qu’avec une vie parlementaire saine, où tout se discute et se dispute que les partis politiques pourraient rivaliser sur des idées et des valeurs et que l’alternance pourrait ainsi se produire.