Les déchets, certes il faut s’en débarrasser mais pas de n’importe quelle manière. Nous ne le réalisons pas, mais les déchets issus de l’activité humaine se sont accumulés au fil du temps dans les océans, au point de former un continent à part entière dans le Nord-Est de l’océan Pacifique. Des zones similaires ont été découvertes un peu partout dans le monde, entre autres au nord de l’océan Atlantique. La présence de cette gigantesque plaque de déchets, dénommée le « septième continent », a motivé une équipe de chercheurs à prendre le large à bord d’un catamaran de 18 mètres, pour étudier et témoigner de l’ampleur de cette catastrophe écologique encore méconnue du grand public.
L’Expédition 7ème continent, menée par le navigateur Patrick Deixonne, avec ses huit coéquipiers, se déroule du 5 au 25 mai, en partenariat avec le CNES (Centre national d’études spatiales), le Centre français d’analyse et de prévision océanique MERCATOR OCEAN et le CNRS (Centre national de la recherche).
La mission scientifique, en direction de l’Atlantique Nord, a pour objectif de localiser et analyser les grandes masses de déchets dans les océans de la planète. Et, à vrai dire, ce n’est pas ce qui manque dans les océans. En effet, chaque année 6 millions et demi de tonnes de déchets sont déversés dans les océans et les mers du monde, dont 80% sont en plastique. Ces détritus issus des continents, des fosses, rivières et fleuves sont entraînés par les grands courants océaniques, et s’accumulent peu à peu dans une même zone.
Les résultats des études déjà réalisées dans le Pacifique Nord ne sont guère réjouissants : ils montrent que 3,5 millions de km2 sont touchés, ce qui représente près de six fois la taille de la France, sur 30 m de profondeur par endroits. On dénombre environ 750 000 débris par km2, et près de 46 000 morceaux de plastique pour 2,5 km2 d’océan. Dans ces zones, on trouve également environ 5 kg de plastique pour 1 kg de plancton. On estime que 30% des petits poissons de la zone ont ingurgité du plastique.
Les scientifiques prévoient que si rien n’est fait d’ici 20 ans, cette décharge gigantesque océanique sera aussi grande que l’Europe, avec les conséquences que l’on peut deviner. « Cette catastrophe écologique, qui passe inaperçue, fait froid dans le dos quand on se retrouve nez à nez avec elle… », explique Patrick Deixonne, chef de l’expédition 7e Continent.
Selon les premières constatations, ces plaques sont des « grandes soupes de déchets », accumulation de détritus plastiques peu à peu dégradés par la nature, puis charriés par les courants océaniques. L’équipe de l’Expédition 7e Continent profitera donc du déplacement, afin de collecter des données et faire des prélèvements pour mieux connaître le phénomène, de manière à trouver les solutions les plus adéquates pour endiguer cette catastrophe au plus vite.
Les conséquences de ce phénomène sont de taille, à ne pas négliger, et devraient alerter l’opinion publique sur le danger que représente l’apparition de ce 7ème contient, autant que le réchauffement climatique et la fonte des glaces.