L’Economiste maghrébin a organisé dernièrement son Forum international annuel avec un partenaire de choix : la délégation de l’Union européenne de Tunisie. Plusieurs questions se posent à propos du thème retenu : le continent comme horizon… avec une économie au plus bas, notre pays est-il en vérité en mesure de coopérer ? Est-il encore crédible alors que ses institutions sont sans gendarme, ni radar ? Sa réalité visible, depuis ces dernières années, ne se caractérise-t-elle pas par un battage médiatique sans merci où l’apparition d’une nouvelle classe de politicards, de même acabit, cherche le pouvoir à tout prix et s’approprie le « j’y suis, j’y reste ».
En s’attribuant « le parler au nom du peuple » et en tentant de dévier la révolution qu’une jeunesse meurtrie et sans avenir a prônée, ces illustres inconnus ont fait beaucoup de dégâts au politique qu’ils réclament servir et également et surtout à l’économique dont ils ignorent les fondamentaux. Sous l’influence des lobbys d’argent, ils ont instauré un climat délétère. Au lieu de prêcher la réconciliation et la primauté de la justice, ils ont cherché à remuer les couteaux dans les plaies en évoquant l’histoire et ses méandres. Souvent des comptes à régler, où des haines transcendantes, où des fins inavouées, justifient à leurs yeux leurs moyens de sape et leurs actes de débauches. Ils tentent de ternir encore plus l’image du pays abîmée par leur amateurisme. Merci pour les organisateurs d’avoir choisi l’Afrique pour thème. Notre pays ne devrait-il pas élaborer une stratégie pour redémarrer un partenariat avec continent ? L’histoire nous le permet puisque la Tunisie entretient des liens séculaires avec l’Afrique subsaharienne (l’ASS). En effet, il y a quarante ans, à l’initiative des Présidents Bourguiba et Senghor notre pays a organisé la première conférence des partis africains sur le développement en Afrique et les voies africaines vers le socialisme (1er au 6 Juillet 1975) où trente et un partis politiques et mouvements de libération africains y prirent part. Quant à l’économie faut-il rappeler que la société tunisienne de banque a été la première à ouvrir ses filiales en Afrique. N’est-il pas temps aujourd’hui de revenir à nos fondamentaux et redéfinir notre position économique d’autant plus que nos échanges avec l’Europe ont atteint leurs limites (80% des exportations et 78% des importations) alors que vers les pays africains, ils sont en régression ? Quels chiffres peut-on avancer sur notre commerce avec l’Afrique ? Peu d’études nous permettent de le faire, c’est dire le peu de souci qui a été accordé à cette démarche pourtant vitale pour l’avenir des échanges de notre pays. On ne peut donc que se féliciter de l’organisation de cette conférence qui ose poser les problèmes et ouvre des perspectives d’avenir. Il est temps, en fait, que nos gouvernants s’attèlent à ce qu’une diplomatie économique doit se conjuguer avec une diplomatie politique. Nos ambassades devraient s’intéresseraient à détenir des informations actualisées sur les pays africains. Ils constitueraient alors une banque de données et joueraient leur rôle de vecteurs de liaison pour l’introduction du savoir-faire tunisien en Afrique.
Des priorités réalisables peuvent être identifiées. Une étude « produit-pays » par exemple pour des secteurs comme l’énergie, les industries alimentaires, voire même les matériaux de construction ou les services trouveraient à coup sûr des débouchés dans des pays africains. S’il est vrai que le coût du transport demeure un handicap majeur du développement du commerce, des études devraient être lancée pour imaginer les moyens à mettre en œuvre pour aboutir à une hausse en volume des échanges avec l’Afrique. Notre pays est en panne de croissance alors que le continent africain en connaît une dynamique. D’après le récent rapport de l’OCDE (Perspectives économiques pour l’Afrique) est serait de 4,8% pour 2014 et de 5,7% pour 2015. Notre continent est même considéré comme un nouvel eldorado par les chinois, les indiens, les brésiliens, les coréens… Pourquoi notre pays ne s’y introduit-il pas en diversifiant ses échanges, en encourageant nos opérateurs à réaliser des investissements communs avec leurs homologues africains et en mettant le circuit financier à contribution quant à la couverture du risque ? Une offre exportable adaptée aux réalités africaines devient alors possible. Des caravanes d’exportation pour créer des opportunités d’affaires avec l’aide de l’Europe pourraient être envisageables. Vu notre emplacement géographique stratégique, on pourrait en coopération avec l’Europe le rendre plus attractif et mutuellement bénéfique. Dans le domaine culturel également, des étudiants africains ont choisi notre pays pour leur formation. Ils seront, si nous les traitons comme il se doit et nous cherchons à les intégrer, des ambassadeurs dans leur pays. Ils pourront jouer un rôle dans le partenariat économique actuel et futur. Leur accueil dans notre pays est-il au niveau de nos ambitions ? Le gouvernement veille-t-il à leur faciliter la tâche ?