La liste des candidats à l’investiture suprême s’allonge à n’en plus finir. Aux dernières nouvelles, il serait aujourd’hui près d’une cinquantaine à prétendre au luxe du Palais de Carthage. Des noms dont une bonne partie reste inconnue au commun des Tunisiens. Même des plus avertis d’ailleurs. Une prolifération qui nous rappelle le scénario des élections du 23 octobre 2011 et qui, du coup, nous fait présager un scénario identique.
L’un de ces outsiders, le journaliste Zied El-Heni, nous fait part, lors de cet entretien, des raisons de sa candidature balayant, à l’occasion, toute crainte d’un remake de 2011. Du moins en ce qui concerne les présidentielles.
D’abord comment avez-vous eu l’idée de vous présenter?
L’idée est venue lors d’une rencontre avec M. Faycel Tebbini, S.G. du parti des agriculteurs, venu à Siliana avec une délégation de Jendouba, pour me présenter ses condoléances suite au décès de l’un de mes proches, mon oncle Cheikh Abdessatar Heni. Et ce sont eux qui m’ont proposé de me présenter. L’argument était que désormais le citoyen Lambda ne fait plus confiance à la classe politique actuelle, ni aux partis politiques, et que de ce fait il fallait une personnalité indépendante capable de présenter une alternative aux Tunisiens, lui redonner confiance en l’avenir.
Or cette lecture de la situation politique coïncide avec la mienne. Et c’est quelque part ce qui m’a poussé à me présenter. Une candidature citoyenne au-delà de tout calcul politique.
Il n’en reste pas moins que se présenter c’est, quelque part, avoir confiance dans ses chances. En avez-vous ?
Il est vrai que je n’ai pas une machine partisane derrière moi, ni des bailleurs de fonds, ni une ambassade quelconque. Par contre, j’ai une vision des choses que je veux partager. Un message pour ceux qui se désintéressent de la chose publique, notamment les jeunes. Au-delà du score, je veux à travers ma candidature dire à ces jeunes qu’il faut toujours avoir confiance en soi et en l’avenir. Qu’il ne faut pas avoir peur d’affronter les « machines » en face, surtout lorsqu’on pense qu’ils ne vont pas dans le bon chemin. Les élections ne sont qu’une des batailles qu’il faut parfois entreprendre avec courage et sans arrière-pensées, pour réussir notre transition démocratique et conforter les assises de notre République.
Gagner, dans ce sens, n’est plus un but en soi. Le but est de redonner espoir aux jeunes. Dire à ces jeunes que le plus important est de s’armer de ses convictions. Qu’il faut parfois donner sans pour autant attendre une récompense autre que le bien de ce pays.
Mais ne pensez-vous pas que la multiplication des candidatures peut disperser les voix, avec les conséquences qu’on connait aujourd’hui ?
Je ne le pense pas, et ce pour la simple raison que la présidentielle est tout autre chose que les législatives.
En ce qui concerne les législatives, il est vrai que le problème est réel. Cela a été le cas en 2011, et tout laisse à croire qu’un tel scénario se prépare. Par contre, pour la présidentielle la situation est toute autre. Il y a d’abord l’obligation du parrainage de dix députés de la Constituante pour les candidats des partis et la signature de 10000 citoyens répartis sur dix circonscriptions pour les candidatures libres. Donc, du fait, même si des centaines déclarent leurs candidatures à la présidentielle, en fin de compte seulement une dizaine pourront réellement collecter le parrainage nécessaire. C’est là une garantie importante du sérieux des candidats qui vont réellement prétendre à l’investiture suprême.
C’est là une première différence, la deuxième, aussi importante, est que la présidentielle est à deux tours. Donc, et même s’il va y avoir dispersion des voix lors du premier tour, on ne trouvera que deux candidats au second tour. Mieux encore, lors du second tour le vote ne se fera plus en fonction de personnes, mais pour des programmes, donc un vote utile. C’est d’ailleurs pour cela que j’étais partisan d’un scrutin à deux tours pour les législatives aussi.