Ebola continue à sévir et à élargir son « champs d’action ». Ainsi, devant l’impossibilité d’endiguer l’épidémie qui a coûté la vie à plus de mille personnes en l’espace de quelques mois, le recours à des médicaments ou vaccins non encore homologués contre ce virus demeure l’unique espoir de sauver des vies humaines.
L’OMS a récemment étudié la question de la nécessité de l’utilisation de traitements expérimentaux face à l’ampleur de l’épidémie. Dr Marie-Paule Kieny, sous-directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, déclare ainsi : « Nous sommes face à une situation inhabituelle avec cette flambée. Nous devons affronter une maladie avec un fort taux de létalité, contre laquelle nous n’avons ni traitement, ni vaccin ayant fait ses preuves ».
A cet effet, suite à une consultation pour évaluer les implications éthiques pour la prise de décisions cliniques de l’utilisation de traitements non homologués, l’Organisation mondiale de la santé a conclu que, dans ce contexte très particulier, l’utilisation de traitements expérimentaux n’entrave pas l’éthique médicale à laquelle sont tenus ceux et celles qui interviennent pour mettre fin à cette épidémie.
L’OMS déclare en effet : « Dans les circonstances particulières de cette flambée, et sous réserve que certaines conditions soient respectées, le groupe d’experts est parvenu par consensus à la conclusion qu’il était conforme à l’éthique de proposer comme traitement ou prophylaxie potentielle des interventions qui n’ont pas encore fait leurs preuves et dont l’efficacité et les effets indésirables sont encore méconnus. »
Sur le terrain, ceux qui seront amenés à prodiguer ces soins seront tenus à l’obligation de transparence, de consentement éclairé, de confidentialité, de respect de la personne, de la préservation de la dignité et de l’implication de la communauté.
Un des médicaments dont il est question, et qui occupe le devant de la scène depuis peu de temps, est le ZMapp, une molécule encore en cours d’expérimentation, conçue par la société Mapp Biopharmaceutical Inc., dont le principe actif extrait du tabac lui confère des propriétés antivirales qui le rendrait efficace contre le virus Ebola.
Le ministère de la santé en Sierra Leone a fait savoir la volonté de son pays d’utiliser ce traitement encore à l’essai comme l’indique le porte-parole du ministère sierra-léonais de la Santé, Sidi Yahya : « L’OMS vient juste d’approuver notre requête pour que le médicament ZMapp soit mis à disposition à la fois en Sierra Leone et au Liberia« .
Au Liberia, le traitement ZMapp représente l’un des premiers espoirs dans la lutte contre la maladie, suite à l’administration de celui-ci chez trois praticiens, deux présentant actuellement des signes d’amélioration, le troisième étant décédé. Le sérum expérimental a d’abord été administré à deux Américains (le Dr Kent Brantly, et la missionnaire Nancy Writebol ) qui ont été déclarés guéris, ainsi qu’à un prêtre espagnol, décédé le 12 août dernier.
La mobilisation internationale commence à se faire sentir. En effet, c’est au tour du Japon de proposer son aide aux pays touchés par l’épidémie, les Japonais disent disposer d’un autre traitement expérimental, homologué comme antiviral contre la grippe, qui serait efficace contre Ebola. Les autorités nippones déclarent leur volonté de fournir ce traitement « si l’Organisation Mondiale de la Santé en fait la demande », à suivre.