A un mois des élections législatives et deux mois de l’élection présidentielle (déjà pas moins de 30 candidats), nous comptons 15 652 candidats sur 1 500 listes, soit 910 listes de partis, 472 listes indépendantes et 158 listes de coalition. Les candidats et les partis se bousculent donc au portillon. Vite c’est l’occasion,… le sésame est à portée de main! « C’est la nuit du destin » avait lancé récemment un haut responsable politique lors d’une réunion régionale !
Mais bon sang mesdames et messieurs les politiques où sont vos programmes économiques ? Quelles sont vos références idéologiques ? Quelles politiques structurelles pensez-vous choisir? Quelles politiques industrielles comptez-vous proposer à nos concitoyens ? Quels remèdes à la crise que nous traversons ? Comment allez-vous négocier nos dettes extérieures ? Quelles politiques fiscales ? Quelles politiques d’emploi allez-vous mettre en place pour répondre aux aspirations de nos jeunes ? Qu’avez-vous à leur proposer ? Quelles sont vos programmes en formations professionnelles ? Et le chapitre de la décentralisation, l’avez-vous oublié ? Etc.
Nida Tounes : Un programme à la Saint-Glinglin
Rappelons-nous du programme de Nida Tounes et de sa promesse de créer sur 4 ans 250 mille emplois ! Aucune trace écrite de ce projet ! Un programme à la Saint-Glinglin ; le « grand bluff », en somme ! Aujourd’hui ce parti passe par des tiraillements internes qui auront sans doute des conséquences terribles sur ses prochains résultats et des répercussions encore plus dramatiques sur l’évolution sociétale de notre pays. En effet, son impuissance ouvrirait une autoroute devant Ennahdha.
Les rumeurs sur les attentes qui viseraient Béji Caïd Ecebssi relèveraient-elles d’une stratégie machiavélique de diversion ? Les dirigeants de Nida Tounes chercheraient-ils ainsi à esquiver les questions sur les thèmes économiques ? Essebssi et ses amis veulent-ils focaliser le débat uniquement sur l’insécurité et le terrorisme ? Etc.
Ennahdha : Un programme d’islamisation
Ce mouvement se porte en ce moment comme un charme! Il se frotte les mains, jubile, s’exalte mais en silence, en toute discrétion ! Ils ont compris, les » choux » : en politique, un grand parti, moins il en parle –s’expose- mieux il se porte. Le silence assourdissant autour des débats des programmes économiques fait assurément leurs affaires ! Les tiraillements des uns et la cupidité manifeste des autres leur apportent décidément de l’eau à leur moulin.
Ennahdha n’a pas de programme économique mais en revanche elle dispose dans ses cartons d’un véritable projet de société, un projet cultuel. Les deux ans passés au pouvoir ont montré le vrai visage de cette organisation : Polygamie, loi sur «awqaf» ou «habous» (biens de mainmorte), débat sur l’excision… Bref, un projet répugnant !
Front populaire : Le mini-programme
Les amis de Hamma Hammami avaient présenté en février dernier un mini-programme qui se voulait une alternative aux insuffisances de la loi de finances du gouvernement Ali Laaryadh. Il s’agit d’un simple projet et non pas d’un véritable programme économique impliquant des choix stratégiques d’ordre structurel.
A défaut donc de programme, ce parti a au moins le mérite d’être clair sur ses orientations idéologiques : « L’Etat est le seul acteur économique et institutionnel capable de remédier aux défaillances du marché. Le pouvoir étatique doit donc intervenir massivement pour soutenir l’investissement mais aussi pour protéger les plus faibles » avait martelé Hamma.
Enfin, les Tunisiens sont-ils pour autant dupes ? Non, je ne le pense pas ! Leur abstention serait record. Les coalitions qui vont se dégager seront extraordinairement précaires : le gouvernement sera à la merci des renversements d’alliance, que les surenchères perpétuelles des partis rendent probables. Serions-nous alors à l’aube de nouvelles instabilités politiques ?