«L’évolution de l’économie mondiale et la place de la Tunisie », tel était le thème de la conférence internationale, animée, ce matin, par l’ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn (DSK), qui a été invité par l’Institut des hautes études de Tunis (IHET).
Moez Joudi, président de l’association tunisienne de gouvernance, a participé aux échanges et débats avec DSK, en présence des spécialistes du monde académique, des affaires et de l’économie.
Lors de cette rencontre, l’accent a été mis sur la situation actuelle de l’économie mondiale et nationale, sur la nouvelle dynamique qui doit être créée et les grandes orientations qu’il faut suivre dans les prochaines années au vu des changements nationaux et internationaux.
Dans ce cadre, DSK a identifié de multiples incertitudes qui, selon lui, se multiplient et caractérisent cette situation déstabilisante.
Commençant par la crise entre la Russie et l’Ukraine, DSK a déclaré que cette crise et ses sanctions ont un effet économique très fort, aussi bien au niveau de la croissance qu’à celui des entreprises russes qui ciblent une stratégie d’internationalisation.
«Mais vu que le peuple russe est habitué à surmonter les difficultés, il n’y aura pas de possibilité de changement politique», a-t-il estimé.
Du côté des pays de l’Ouest, notamment l’Allemagne, DSK a annoncé qu’il y a toute une gradation possible très dommageable pour ces économies, d’où une incertitude forte et un doute d’investissement, avec des conséquences qui commencent à être claires. Et pour preuve, les dirigeants russes se tournent vers la Chine. S’ajoutent à cela d’autres incertitudes, telles que la mauvaise gestion de la situation par les Européens, qui ont été touchés, selon ses dires, au niveau de leurs relations politiques avec la Russie. L’Europe souffre aussi d’une incertitude économique. «Sa situation est purement mauvaise, exigeant des réformes d’urgence parce qu’une forte croissance demeure indispensable».
DSK considère que les incertitudes économiques sont dues principalement à l’incertitude politique. Pour cette raison il a estimé qu’une forme de stabilité politique doit être immédiatement instaurée pour sortir de la crise, tel est le cas des Etats-Unis qui savent gérer leur économie. D’ailleurs, «un resserrement monétaire sera, d’ici un an, appliqué en Amérique».
Du côté des états émergents (BRICS), DSK a noté que leur situation est très compliquée. « Sauf les Chinois qui ont une très bonne perception pour résoudre les problèmes économiques ».
S’agissant de la Tunisie, DSK a annoncé qu’elle est à la croisée des chemins, dont l’avenir est très différent : «En dépit des difficultés que connaît la Tunisie sur le plan économique, elle peut réussir dans les années qui viennent. D’ailleurs, le processus politique se déroule vite, bien et calmement. Mais il faut immédiatement passer à l’action», a-t-il précisé.
Et d’ajouter qu’il faut que les décisions se prennent vite. Il faut aussi tracer la voie du redressement des finances publiques, mettre en place les réformes urgentes, lutter contre l’économie informelle pour gagner plus de points de croissance, créer une dynamique avec les pays du Maghreb…
«Il faut, également, opter pour des stratégies de niches, c’est-à-dire percer dans quelques industries et activités économiques et de services pour attirer les investisseurs, créer une bonne image du pays et s’ouvrir à l’international».
En conclusion, DSK a affirmé que l’ensemble des incertitudes vécues dans le monde crée, d’une manière ou d’une autre, une divergence considérable dans l’économie mondiale. Les Etats-Unis, la Chine et même les petits Etats peuvent s’en sortir, mais les Etats émergents vont encore souffrir.