« Mise en place des systèmes de gouvernance dans les entreprises publiques tunisiennes », tel était le thème du deuxième panel de la conférence organisée ce matin par le Centre tunisien de gouvernance économique ( CTGE – IACE).
Lors de cette rencontre, Moez Joudi, président de l’Association tunisienne de gouvernance, a présenté un tableau résumant le système de gouvernance dans les entreprises publiques. Ce tableau semble sombre, selon les participants à cet événement, mais il reflète, d’après eux, une réalité.
M. Joudi a déclaré qu’il croyait beaucoup à la gouvernance, que de par la relance économique et les réformes fondamentales, la Tunisie pouvait dépasser sa situation de crise à travers la bonne gouvernance dans les entreprises publiques.
Mais, selon lui, la Tunisie est encore au stade de la préhistoire au niveau de la bonne gouvernance de ces entreprises. Il s’agit plutôt d’un système administratif plus que d’un système de gouvernance.
D’ailleurs, l’expert en gouvernance a affirmé qu’il n y a pas d’autonomie de gestion dans les entreprises publiques tunisiennes. Il y a plutôt une gestion défaillante causée par un système de gouvernance visant l’intérêt de l’Etat seulement, et non pas l’intérêt des entreprises.
Parlant chiffres, M. Joudi a annoncé que selon le gouvernement, parmi 200 entreprises publiques qui opèrent en Tunisie, il y a 100 entreprises déficitaires, dont 20 sont déjà en faillite.
Cette situation financière déplorable est due, selon ses propos, d’une part à un sureffectif du personnel, des nominations partisanes, des nominations politiques et d’autres incompétentes. D’autre part, aux conseils d’administration des entreprises publiques qui ne savent pas se gérer et ne savent même pas quel est leur rôle, qui consiste dans le contrôle, la gestion du risque, l’évaluation de management et le rôle stratégique.
Toujours selon Moez Joudi, ces conseils d’administrations sont, d’ores et déjà, défaillants. Ce qui conduit à des entreprises fonctionnant d’une manière hiérarchique.
De ce fait, le président de l’Association tunisienne de gouvernance a recommandé d’optimiser la gestion dans les entreprises publiques d’une manière équitable, de séparer les pouvoirs, avec un système de contrôle indépendant et autonome, un comité d’audit qui doit être présidé par un administrateur indépendant et non plus par le PDG de l’entreprise.
Il a également recommandé la création d’une instance suprême de la bonne gouvernance au sein de l’entreprise, afin de dépasser la mauvaise transparence, la mauvaise gestion, la corruption…
Pour conclure, M. Joudi n’a pas manqué de dire qu’il fallait mettre la pression sur toutes les entreprises publiques pour respecter les règles de la bonne pratique et de la bonne gouvernance.