En marge de la cérémonie officielle de lancement du programme de la chaire de l’OMC à Tunis Businesse School (TBS), nous avons rencontré Dr Leila Baghdadi, titulaire de la Chaire de l’OMC à TBS, qui nous a éclairés sur le programme, le paysage économique de l’après-élections et l’enseignement de l’économie dans les universités tunisiennes.
leconomistemaghrebin.com : Tunis Business School (TBS) vient de remporter la Chaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Pourriez-vous nous en dire davantage ?
Leila Baghdadi : Le programme de la Chaire de l’OMC a été lancé en 2009 puis en 2010. 14 universités ont été sélectionnées et ainsi, il est devenu un réseau international de prestige. En 2014, TBS était parmi sept universités sélectionnées sur 77, ce qui relève de la qualité de sa proposition qui lui a permis d’être acceptée et d’être honorée par une chaire à l’OMC. Voici ce que nous comptons faire après l’obtention de cette chaire : il y aura des activités autour de trois axes : le premier axe est l’information et l’enseignement : il s’agit d’assumer un enseignement de qualité pour nos étudiants, qui s’appuie non seulement sur les cours théoriques mais sur l’expertise de politique économique internationale et qui sera dispensé par les experts de l’OMC.
Ce genre de formation et de séminaire est dédié à des professionnels, à la société civile, aux entrepreneurs, aux décideurs politiques. Le deuxième axe est la recherche scientifique. Comme vous le savez nous ne pouvons pas avancer et présenter une formation de qualité sans recherche de la qualité.
Regardez tous les standards internationaux et les classements des universités ! On est à la trappe non pas à cause de l’employabilité de nos jeunes mais à cause du faible nombre de publications relatives aux travaux académiques de nos chercheurs. Donc, il s’agit maintenant de renforcer la place de nos chercheurs et de la consolider.
Quant au troisième volet que je considère le plus important, nous en tant que chercheurs, nous ambitionnons de ne pas rester cloîtrés dans nos bureaux à faire de la recherche dont personne n’entendra parler ni expliquée, ni discutée. Nous aimerions donc nous lancer dans une politique de partenariat, de débat et de discussions avec les différents partenaires intéressés par cette question soit leur bord et tout cela dans le but de faire avancer l’agenda économique du commerce international en Tunisie.
Existe-t-il des obstacles quant à l’enseignement du commerce international en Tunisie ?
Oui, mais pas uniquement concernant les cours de l’enseignement du commerce international. Il s’agit des théories du commerce international. Il s’agit aussi de donner l’expertise de la formulation des politiques économiques telle qu’elle se fait dans les couloirs de l’Organisation internationale du commerce, lors des discussions multilatérales. C’est très technique et en plus ce n’est pas uniquement de l’économie, c’est aussi du droit, ce sont les techniques de négociation commerciale, c’est la compréhension de l’enjeu des discussions multilatérales, toutes choses qui nécessitent d’avoir un bagage aussi bien théorique que pratique.
Je vous donne un exemple : le mécanisme de règlement des différends à l’OMC, c’est comme une Cour d’arbitrage. Quand vous avez un problème au niveau des enjeux commerciaux avec un pays partenaire et que vous pensez que ce pays partenaire « triche », vous pouvez constituer un dossier et consulter cet organisme. Mais si vous ne connaissez pas le fonctionnement de l’organisme, vous ne pourrez jamais le consulter et vous encourrez des pertes économiques énormes pour votre pays.
Malheureusement nous n’enseignons pas cette problématique à nos étudiants. Je pense que nos étudiants formés sont des futurs leaders, ce sont eux qui dirigeront les prochaines générations. Ils méritent d’avoir des instruments qui leur permettent de formuler les politiques. Si on les forme aujourd’hui c’est pour les besoins de demain. Quand on parle recherche, c’est pour eux aussi, c’est pour que les universités tunisiennes reprennent le flambeau de l’excellence.
Vos estimations pour le paysage économique de l’après-élections ?
L’économie est une affaire de confiance, c’est fondamental et c’est le cœur du sujet. Quel que soit le résultat des élections, elles ont eu lieu et je pense que tous les Tunisiens sont fiers de leur déroulement. C’est clair rien qu’en voyant le calme et la sérénité de nos citoyens le jour des élections. Je peux dire que le peuple tunisien a donné un signal fort. Si nous Tunisiens ne multiplions pas les exemples et nous ne montrons pas que nous sommes capables de lancer des initiatives, demain tous les signaux verts vireront au rouge.