La Mission d’observation électorale Tunisie ( MOE UE ) 2014 a publié son rapport préliminaire sur le déroulement de la Présidentielle, lors d’une conférence de presse tenue ce mardi le 25 novembre, à Tunis. À la lecture de ce rapport dont les résultats ont été annoncés par Annemie Neyts-Uyttebroek, chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, il en ressort que le bilan est positif. Qu’on en juge.
Évaluant le rôle de l’Instance supérieure pour les élections ( ISIE ), le rapport a affirmé que l’ISIE « a, de nouveau fait preuve d’indépendance, d’impartialité et de compétence, et ses branches régionales ont également démontré leur neutralité, leur bonne organisation et leur fort engagement civique ».
Pour ce qui est de la campagne électorale, le rapport affirme qu’elle s’est déroulée dans « une ambiance calme et pluraliste » ; et d’affirmer que l’exercice des libertés d’expression et de rassemblement a été garanti. Par ailleurs, Annemie Neyts-Uyttebroek a estimé que les candidats ont largement respecté les normes de la campagne « dont la mise en œuvre s’est avérée moins complexe que lors des élections législatives ». Par ailleurs, le rapport affirme que « les infractions relevées par les contrôleurs de l’ISIE et observées par la MOE UE ont été d’importance mineure.
Commentant le rôle de la société civile, le rapport a salué sa mobilisation. Selon les chiffres avancés des accréditations nationales ont été accordées à plus de 25.000 observateurs, ce qui représente une augmentation de presque 80% par rapport aux élections du 26 octobre.
« Les femmes et les jeunes sont sous-représentés dans les registres électoraux », indique le rapport. D’après les statistiques avancées, les femmes constituent 46% des électeurs inscrits alors qu’elles représentent 51% de la population. Dans le même ordre d’idée, le rapport avance que les jeunes entre 18 et 21 ans constituent à peu près 10% de la population en âge de voter, mais moins de 5% des inscrits.
Pour ce qui est du volet médiatique, la Mission d’observation électorale Tunisie 2014 a affirmé que la HAICA a contribué de manière positive au respect des règles de couverture de la campagne. « Les médias audiovisuels publics et une partie des médias privés observés ont généralement assuré une couverture équilibré des candidats à la présidentielle, notamment à travers des interviews conduits de manière impartiale », précise le rapport.
Concernant la journée électorale, les observateurs de la MOE UE ont évalué de manière positive ou très positive la conduite du vote et du dépouillement ainsi que sa transparence dans la quasi-totalité des 584 bureaux observés. D’après la Mission, les représentants des candidats étaient présents dans 98% des bureaux et des observateurs électoraux dans 66%, « pourcentage identique à celui enregistré le 26 octobre ».
Au-delà des évaluations positives du rapport, il serait légitime de se demander si la Mission d’observation électorale Tunisie 2014 a examiné tous les angles de la présidentielle. D’ailleurs, force est de constater que le rapport préliminaire, aussi élogieux soit-il, a passé sous silence certains incidents , malgré leur caractère violent dans le rapport.
En effet, plusieurs candidats à la Présidentielle ont reçu de sérieuses menaces de mort comme Mondher Zneidi, Slim Riahi, Béji Caïd Essebsi, et Kamel Morjane et il semblerait que ces menaces surviennent sur fond de l’utilisation du président provisoire et candidat à la Présidentielle Moncef Marzouki de mots incitant à la haine comme Taghout pour qualifier les figures de l’ancien régime.
Autre point : bien qu’il n’existe pas de preuves tangibles que Moncef Marzouki ait effectivement utilisé les ressources de l’Etat dans le cadre de sa campagne électorale, le rapport préliminaire ne s’est même pas posé la question de savoir si Moncef Marzouki a profité de sa fonction de président provisoire pour influencer l’électorat durant sa campagne électorale.
Par ailleurs, rappelons l’ appel à la violence, proféré par l’un des membres des Ligues de protection de la révolution (LPR), en l’occurrence Imed Dghij menaçant le pays d’un bain de sang si Béji Caïd Essebsi remportait la présidentielle.
Tous ces indices semblent ne pas interpeller l’Union européenne.