Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, a été l’invitée de l’Economiste Maghrébin (Magazine) pour parler de la position de l’Utica sur plusieurs sujets d’actualité économique et politique et des défis et des enjeux de la prochaine étape. Voici des extraits de l’interview réalisée. Celle-ci sera publiée intégralement sur les colonnes de notre numéro annuelle « Les 500 entreprises ».
L’Economiste Maghrébin : Qu’est-ce que selon vous attend le prochain gouvernement et quelles sont les principales réformes à engager ?
Wided Bouchamoui : Il faut que le prochain gouvernement soit direct et franc pour pouvoir réussir. Nous avons énuméré huit principales priorités de l’Utica. Il faut d’abord remettre la machine économique en marche, restaurer la valeur du travail, créer de l’emploi et booster la croissance, améliorer le niveau de vie et le pouvoir d’achat de toutes les classes sociales pour instaurer la stabilité sociale, rendre le développement perceptible dans toutes les régions du pays et leur permettre une certaine autonomie dans le cadre d’une politique de décentralisation, stabiliser les finances publiques, intégrer l’agriculture et l’artisanat dans la sphère économique et axer davantage l’effort sur les secteurs à forte valeur ajoutée.
Mais les débats sont aujourd’hui concentrés sur la politique au détriment des dossiers économiques…
Nous avons discuté le volet économique avec tous les présidents des partis politiques. Aujourd’hui, la productivité est négative dans plusieurs secteurs. Il y a aussi un relâchement total au sein de l’administration tunisienne. Il est donc temps de s’occuper de notre situation économique et donner de l’importance au travail. C’est pourquoi, nous allons organiser, avec la présence de l’UGTT, une journée pour présenter la feuille de route de l’Utica après les élections.
Quel type d’investissement faut-il adopter pour absorber les nouveaux diplômés du supérieur ?
Le secteur privé n’a pas la capacité de résorber cette masse de jeunes. Il faut à mon avis encourager davantage l’entreprenariat privé et encourager les jeunes à créer leurs propres projets. Ils n’ont pas besoin beaucoup d’argent, mais ils ont besoin d’être encadrés, suivis et bien coachés par les professionnels. Il faut également faciliter l’accès au financement, notamment en matière de microfinance. Il faut concentrer les efforts sur la formation professionnelle dans toutes les régions. Nous allons créer l’Utica Académie pour gérer, suivre et coacher des jeunes chefs d’entreprise.
Productivité et compétitivité sont des éléments essentiels pour la relance économique…
Dans le cadre de notre feuille de route avec l’UGTT, nous avons créé trois commissions. Une pour les négociations salariales, une deuxième pour la productivité et une dernière pour le pouvoir d’achat. Ces trois aspects sont intimement liés. Il faut aujourd’hui indexer les salaires sur la productivité pour ne pas rester dans un cercle inflationniste. L’Utica travaille actuellement avec l’UGTT et le gouvernement sur la problématique de la productivité dans les entreprises. En 2015, nous allons commencer par les entreprises bien structurées et bien organisées parce qu’elles ont la capacité de donner l’exemple.