Dans sa dernière publication sur la Tunisie, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde ( CADTM ) a estimé que la loi de finances 2015 « donne, une fois de plus, la primauté au remboursement de la dette et à l’application de recettes néo-libérales sous la houlette des institutions financières internationales, comme sous la dictature de Ben Ali. « Le réseau CADTM soutient le Peuple tunisien en lutte contre ces mesures injustes qui aggravent ses conditions de vie », lit-on dans la même publication.
Rappelant les résultats des élections tunisiennes, le CADTM estime que Nidaa Tounes compte manifestement poursuivre la politique économique et sociale imposée à la Tunisie dans le cadre de l’ajustement structurel dicté par les institutions financières internationales (avec le FMI en tête) et des politiques de libre-échange imposées par l’Union européenne.
Et d’ajouter que la loi de finances 2015 prévoit la privatisation des trois banques publiques, la poursuite du gel des salaires dans la Fonction publique pour la troisième année consécutive, une diminution des budgets de plusieurs ministères sociaux (Emploi, Formation professionnelle, Affaires sociales et Développement régional) en parfaite concordance avec les mesures dictées par le FMI.
Le remboursement de la dette externe et interne est l’équivalent des dix plus forts budgets de l’Etat
Le CADTM a dévoilé que le remboursement prévu de la dette externe et interne de l’État s’élève à 5 130 000 000 dinars tunisiens (2,3 milliards d’euros), soit l’équivalent des dix budgets suivants cumulés : santé, affaires sociales, emploi et formation professionnelle, développement, environnement, transport, culture, affaires sociales, recherche scientifique, tourisme !
« Le réseau international CADTM soutient ces mobilisations populaires ainsi que toute initiative de parlementaires visant à suspendre, auditer et annuler sans condition les dettes odieuses et illégitimes de la Tunisie », affirme le réseau CADTM.
Revenant sur la dette extérieure tunisienne, le CADTM a affirmé que la Tunisie dispose de plusieurs arguments juridiques de taille pour remettre en cause le paiement de ces dettes. « La doctrine de la dette odieuse s’applique parfaitement aux dettes contractées sous la dictature de Ben Ali; selon cette doctrine de droit international », explique le CADTM.
Et d’ajouter que l’article 103 de la Charte des Nations Unies peut également être utilisé afin de fonder juridiquement une suspension unilatérale du paiement de la dette, afin de donner la priorité aux services de base pour la population. En effet, cet article consacre la supériorité des droits humains sur tout autre engagement de l’État comme ceux à l’égard des créanciers.