Nous sommes le 20 janvier, c’est aujourd’hui que s’est déroulé le 2ème procès du jeune activiste, emprisonné depuis le 6 janvier suite à une condamnation par contumace à 3 ans d’emprisonnement pour avoir critiqué les cadres du ministère de la Défense via les réseaux sociaux, en particulier Fb.
Devant le tribunal, une foule venue soutenir Yassine Ayari, brandissait des banderoles où on pouvait lire : “ Réveille-toi, aujourd’hui c’est Yassine, demain ce sera ton tour”, ou encore “La liberté d’expression est une ligne rouge”. L’audience a commencé aux alentours de 9h30.
A la fin de l’audience, le Tribunal militaire de Tunis a réduit la condamnation du blogeur Yassine Ayari de trois à un an de prison.
Rencontré devant le Tribunal militaire, le frère de Yassine clame que le jugement n’est en aucun cas équitable. Selon lui, “le fait qu’il soit jugé par un tribunal militaire n’a aucun sens ». Et d’ajouter :“Nous condamnons qu’un citoyen civil soit jugé par un tribunal militaire, peu importe qui il est, c’est contraire au droit tunisien. D’un autre côté, l’affaire de Yassine Ayari est une question politique par excellence. Ce tribunal militaire a condamné à 3 ans de prison Yassine Ayari pour avoir posté 3 statuts Fb. Pour cela, on a considéré qu’il a fuité des informations non fondées . » Pour sa part, la mère de Yassine, Saïda, nous confie à ce propos : « Pour chacun des 3 statuts Fb, il écope d’un an d’emprisonnement. Du jamais vu. C’est un terrorisme d’Etat ! », s’exclame-t-elle.
Une affaire des plus controversée. Les charges qui pèsent sur Yassine Ayari sont en rapport avec la diffamation et l’outrage à un certain nombre d’officiers supérieurs et de cadres du ministère de la Défense.Le jeune homme était blogueur et également activiste même sous Ben Ali. Fils du colonel Taher Ayari, tué en mai 2011 dans les affrontements avec des Djihadistes.
Rencontrée durant cette audience, Lamia Khemiri, avocat de soutien de Yassine, évoque ce qui s’est passé durant le procès: « Par principe, il est prévu que l’ audience soit publique, alors que la juge nous a prévenus que nous ne devrions pas oublier que nous nous trouvons dans une caserne. En guise de réponse, nous lui avons déclaré que nous sommes devant un tribunal. Dire que nous nous trouvons dans une « caserne » revient à justifier le refoulement des journalistes. Vous avez bien vu comment elle a levé l’audience sans même entendre la défense de l’accusé et son témoignage n’a même pas été verbalisé ».
Pour une grande partie de l’opinion publique, l’affaire Yassine Ayari est une affaire d’opinion publique, et ce n’est qu’une forme d’intimidation à l’adresse des blogueurs.
Or, la liberté d’expression est une ligne rouge.