Habib Bourguiba qualifiait toute chaise vide dans une manifestation internationale comme une perte d’opportunité. Il disait en substance que « la Tunisie est un petit pays dont l’absence dans une manifestation internationale ne pouvait être remarquée. Par contre, sa présence peut, elle, être relevée et appréciée ». Toute la diplomatie tunisienne était basée sur ce constat et les fois où notre pays n’était pas représenté étaient extrêmement rares. Mehdi Jomaa, le chef de gouvernement sortant mais encore en exercice, a dû s’inspirer de cette profonde réflexion de Habib Bourguiba.
Mais, il s’est, à notre goût, un peu trop inspiré sinon comment expliquer une présence prolongée à Davos avec trois jours à la clé alors que le pays sombre un peu plus, chaque heure, dans la « grévite » aiguë et que des pans entiers de l’économie et des structures publiques sont pris à la gorge ? Certes, notre présence à Davos est recommandée mais de là à en faire une priorité absolue devant le cours actuel des événements relève d’une absence de mesure sérieuse des faits importants.
Au-delà du coût réel pour le contribuable, on est saisi par l’impératif qui pourrait expliquer une présence de trois jours accomplis alors même que l’idée de la participation à un tel rassemblement est dictée par la nécessité d’une présence furtive, puisque nous ne pesons nullement sur le cours des événements du monde et que les rencontres importantes peuvent être programmées pour une journée voire au maximum deux. Les chefs de gouvernement et d’Etat passent en général ce laps de temps pour dire ce qu’ils ont à dire et vaquer rapidement aux priorités de leur pays. Les experts eux peuvent, par contre, y demeurer et représenter le pays aux différents panels et regroupements. A méditer pour un gouvernement en attente d’une imminente succession.