Depuis son apparition sur le marché, la e-cigarette suscite la méfiance. Présentée comme le moyen rêvé pour en finir avec le tabac, ce dispositif n’en finit pas de nourrir la controverse, certaines études montrant ses bénéfices pour la santé, d’autres au contraire émettant encore des réserves sur son utilisation, car en effet, toute la lumière n’a pas été faite sur ce produit.
Une étude américaine montre, par le biais d’une expérience, que la vapeur chauffée des e-liquides, contient un agent hautement cancérigène, le formaldéhyde, rendant le « vapotage » cinq à quinze fois plus cancérigène que le tabac.
Des études passées ont analysé les effets des produits chimiques présents dans les e-liquides, mais seulement très peu d’entre elles se sont penchées sur les effets de ces composants chimiques dans le contexte particulier ou ceux-ci sont inhalés et/ou soumis à des températures élevées.
En effet, les liquides des cigarettes électroniques contiennent habituellement du propylène glycol, du glycérol, ou les deux substances, de la nicotine, ainsi que des produits chimiques aromatisants. Les chercheurs de l’Université d’État de Portland (Oregon) dans une lettre parue dans la dernière édition du New England Journal of Medicine (NEJM), ont observé que les e-cigarettes pourraient contenir également du formaldéhyde, une substance formée durant le processus de « vapotage ».
Or le formaldéhyde est connu pour ses effets irritants, émis lors du processus de combustion (feux, fumée de cigarette) et engendré par l’activité humaine : cuisson des aliments, chauffage par poêle à bois. Il est classé depuis 2004, par le Centre international de recherche sur le cancer ( CIRC ) comme « substance cancérogène avérée pour l’homme ».
Dans cette expérience en laboratoire, les scientifiques ont simulé le processus de vapotage par le biais d’une machine, le e-liquide ayant été chauffé et les bouffées d’une durée de 3 à 4 secondes. Les résultats de l’expérience montrent qu’à un voltage de 3,3 volts aucune émission de formaldéhyde n’a été notée, tandis qu’ à 5,0 volts la quantité de cette substance était de 5 à 15 fois supérieure à celle émise par une cigarette classique.
Toutefois, la formation d’une telle quantité de formaldéhydes n’est pas envisageable avec les modèles de e-cigarettes disponibles sur le marché, dont la puissance est très en dessous de celle qui a engendré la formation d’une telle quantité de cette substance chimique.
A cet effet, Peter Hajek, directeur de la division sur le tabagisme à la faculté de Médecine et de dentisterie de Londres affirme que cette recherche est loin de la réalité car : « Quand les fumeurs de cigarettes électroniques surchauffent le liquide cela produit un goût âcre désagréable ce qu’ils évitent de faire ».
Afin de répondre aux conclusions de cette étude le Dr. Farsalinos autre expert international affirme : « Il est évident que l’atomiseur a été surchauffé, ce qui bien sûr résulte en une production très élevée de formaldéhyde. Ce que les auteurs ignorent, c’est que ces conditions, connues sous le nom de dry-puff, sont facilement détectées par les utilisateurs de VP. Cela produit un goût insupportable, et personne n’utilise un VP dans ces conditions, et n’est donc jamais exposé à de telles concentrations de formaldéhyde ».
Le Pr. Jean-François Etter (Université de Genève) ajoute : « Comme dit mon collègue Konstantinos Farsalinos, c’est comme carboniser un steak et ensuite tester s’il y a des substances cancérigènes. Mais personne ne mangera jamais ce steak. »
Ainsi, cette étude ne prouve en aucun cas un effet directement cancérigène sur l’être humain, car ni la méthode utilisée, ni le recul n’ont été disponibles pour tirer une telle conclusion. La seule et unique certitude est que la recherche relative à la cigarette électronique est « sur la bonne voie », compte tenu du fait que les études se rapprochent petit à petit vers les conditions réelles d’utilisation, en attendant des travaux sur le long terme portant sur les effets de ce produit sur un échantillon large d’individus.